Hallux valgus : Qu’est ce que c’est ?
L’hallux valgus, plus communément appelé “oignon”, est une déformation progressive très courante du pied. Elle consiste en une rotation du premier métatarsien autour de sa base et en un déplacement du premier orteil vers le second. Il en résulte le développement d’un bourrelet douloureux à l’intérieur du pied (= oignon). On croit parfois qu’il s’agit d’une excroissance douloureuse dépassant le bord du pied. Il s’agit en fait d’une déformation entre le métatarse et la phalange qui crée cette bosse. La bosse est formée par la pression progressive de la tête métatarsienne contre la peau.
Les causes de cette déformation sont multiples et ne sont pas entièrement comprises. Il semble y avoir un lien familial qui suggère que l’hallux valgus pourrait avoir une composante génétique. Touchant principalement les femmes (9 femmes pour 1 homme), il est habituel de retrouver cette pathologie chez la mère et la fille.
Dans toutes les variantes de l’hallux valgus, le premier métatarsien ne fournit pas le soutien nécessaire. Une partie importante de cette stabilité est liée au bon alignement des tendons des pieds et l’hallux valgus, du fait de cette déviation, modifie l’équilibre. En temps normal et en position debout, le premier métatarsien supporte deux fois la charge des autres métatarses. Lorsque l’instabilité se produit, elle a tendance à être remarquée lors de la marche ou de la mise en charge du pied et, dans ce cas, le métatarsien en question ne reçoit qu’une fraction du poids du corps. Le reste du poids est supporté par les métatarses suivants, qui ne sont pas conçus pour une telle charge. C’est pourquoi l’hallux valgus est souvent associé à des douleurs sous l’avant-pied, révélant ainsi la contrainte chronique exercée sur les métatarses centraux par cette surcharge de compensation (voir métatarsalgie de transfert). Ceci est encore plus évident chez les patients présentant une instabilité importante de la colonne interne (colonne interne instable, pied plat hypermobile, etc.).
TRAITEMENT NON CHIRURGICAL
Comme c’est principalement l’oignon qui appuie sur la chaussure qui cause la douleur, le changement de type de chaussures est évidemment la première mesure à prendre. Des chaussures souples et larges sont préférables, ainsi que des chaussures sans points de pression localisés et excessifs. Le port de talons hauts doit être limité car ils augmentent la charge placée sur l’avant-pied et produisent un conflit dans la chaussure.
Le port de semelles personnalisées peut être utile dans les premiers stades de l’affection.
Des attelles de nuit pour aider à redresser le gros orteil sont disponibles sur le marché ; cependant, leur efficacité reste à déterminer et leur bénéfice semble être limité.
TRAITEMENT CHIRURGICAL
Lorsque le traitement conservateur est inadéquat, la chirurgie doit être proposée.
Plus de 180 procédures différentes sont disponibles pour corriger un hallux valgus. Bien que certaines de ces procédures n’aient pas leur place dans l’approche moderne de cette affection, la plupart impliquent une intervention sur le premier métatarsien. L’idée principale est de ramener l’articulation entre le métatarsien et la phalange à sa position initiale, ce qui réaligne l’orteil et recentre les tendons environnants. L’os est généralement coupé (ostéotomie) pour déplacer la tête métatarsienne dans la position souhaitée. La plupart des techniques varient en fonction de l’action spécifique sur l’os, de la direction de l’ostéotomie, de sa forme ou de sa longueur.
La chirurgie peut être pratiquée sur les deux côtés simultanément. Dans ce cas, la récupération peut être un peu plus lente.
Une technique appelée “Scarf procedure” est l’une des plus populaires. Elle consiste à pratiquer une incision en Z (Scarf) dans le métatarse, afin de réaligner le gros orteil. Pour maintenir la position, la coupe (l’ostéotomie) est fixée avec des vis ou à l’aide d’une technique spéciale d’ostéotomie sans fixation. Cette intervention est généralement réalisée par chirurgie ouverte.
Nous réalisons régulièrement cette chirurgie en utilisant une technique percutanée mini-invasive. Il s’agit d’une nouvelle approche et une petite incision unique de 1 mm est réalisée. L’ostéotomie elle-même est identique à une chirurgie ouverte, mais l’incision minimale permet une récupération plus rapide, des cicatrices quasi invisibles et une douleur limitée. La fixation est effectuée à l’aide de vis ou d’une broche métallique de 2 mm de diamètre, qui est retirée 4 à 5 semaines après l’opération. Ce retrait est indolore et s’effectue dans le cabinet du médecin.
Enfin, dans les cas d’une instabilité importante du premier métatarsien, lors de certaines révisions chirurgicales ou en présence d’une déformation majeure, l’ostéotomie métatarsienne n’est pas suffisante et le risque de récidive élevé. Dans ces cas, la chirurgie réalisée à la base du métatarsien est l’option privilégiée. Le cartilage de l’articulation entre l’os cunéiforme et l’os métatarsien est retiré et les deux os sont mis en contact étroit avec une plaque, permettant la fusion de cette articulation en position alignée. Il s’agit d’une arthrodèse, c’est-à-dire d’une fusion de l’articulation (arthrodèse de Lapidus).
RISQUES ET COMPLICATIONS
Outre les complications possibles après tout type de chirurgie (thrombose, infection <1%, algodystrophie <1%), il est reconnu que le traitement de l’hallux valgus comporte les risques et complications suivants :
- Récidive de la déformation (4-10%). Cela peut être dû à un défaut d’analyse du problème, à un défaut technique, à une indication incorrecte ou au non-respect des instructions post-chirurgicales.
- Non-union de la coupe osseuse ou arthrodèse (pseudarthrose), rare.
- Lésion nerveuse (généralement temporaire et régressive)
- Persistance d’un gonflement (œdème). Normale pendant les 2-3 premiers mois, elle peut persister plus longtemps dans certains cas.
- Raideur (fréquente). Toute intervention sur une articulation entraîne une raideur, qui nécessite une mobilisation après l’opération par un kinésithérapeute ou le patient.